« Observer M.
Bat-Yosef évoluer dans son atelier parisien parmi ses œuvres, me
montrer telle toile, tel objet, le tout ponctué par de brèves et
précises explications dévoilent la richesse et la beauté d’une
vie exclusivement vouée à la création. Au cœur de cette aventure
artistique, résonne l’écho feutré d’une musique intérieure
rythmant une quête incessante, tendue vers la recherche d’une
vérité essentielle qui donne sens à sa vie. Ce n’est pas tant de
l’œil de chair mais de l’œil de nuit cherchant les fils d’or
de la réalisation totale de l’homme dont il s’agit. Pour M.
Bat-Yosef l’art de vivre consiste à trouver l’équilibre entre
les forces contraires. Cet art de vivre qui rejoint le point sublime,
lieu de résolution des antinomies, Myriam l’a personnifié en sa
totalité. Une cohérence remarquable et sensible tisse la trame de
son cheminement artistique.
Je me trouvais face à l’œuvre de toute une vie ; une œuvre demeurée trop longtemps dans l’ombre bien que saluée par Anaïs Nin, Nancy Huston, André Pieyre de Mandiargues, José Pierre, René de Solier, Jacques Lacarrière, Alain Bosquet, Alain Jouffroy, Pierre Restany, Sarane Alexandirian et André Breton qui, après une visite à son atelier, confiera avoir été intrigué par sa dimension fantasmagorique.
Si l’obscurité est une
composante de la lumière, il arrive un temps où la clarté
intérieure doit épouser les courbes du jour afin de donner à voir.
Et c’est précisément ce que M. Bat-Yosef fait, elle donne à
voir, un monde issu de l’athanor de ses perceptions. Un univers de
symboles, de couleurs, de formes ouvre le regard sur de nouveaux
paysages mentaux où fusionnent érotisme et fantastique.
Comme le souligne René
de Sollier : « On devra s’interroger, il est temps, sur le rôle
des femmes dans le surréalisme et la peinture, le fantastique
contemporain, et songer à une histoire vraie, qui groupe : Valentine
Hugo, Léonore Fini, Dorothea Tanning, Léonora Carrington, Unica
Zürn, Jane Graverol, Toyen, Bona, Manina, M. Bat-Yosef. (…) On est
impressionné par ce non-conformisme et les dissidences, une fierté
inventive, menée à bien. Un musée inquiétant en résulte, plus
riche que l’imagination ». C’est à ce dessein que ce livre
existe, quand bien même M. Bat-Yosef. ne prit jamais part aux
activités du groupe surréaliste ; elle épousa du surréalisme sa
dynamique, son insoumission et son utopie sans pour autant adhérer à
tous ses principes.
Et il y eut cette injonction, ces paroles Sésame aptes à ouvrir les cœurs à hauteur des orages, qu’elle prononça : « Je veux surpasser le dieu de la Bible qui a fait l’homme à son image et métamorphoser l’homme à l’image de mon art ! » Ainsi, dans la lignée « des voleurs de feu », la flamme prométhéenne venait de tracer une voie, unique, celle de la « révélation ».
(texte de Fabrice Pascaud)
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