jeudi 31 octobre 2013

objets oniriques et objets trouvés (Other air)









Deux photographies de l'exposition internationale du surréalisme Other air, qui a eu lieu à Prague en 2012.

dimanche 20 octobre 2013

Joel Gayraud, à propos du Roman-contre, d'Anne-Catherine Caron




ROMAN CONTRE
Le Roman contre de Catherine Caron m'accompagne depuis bientôt trente-cinq ans. Cette petite toile écrue, semée de carrés dessinés à l'encre brune qui rappelle la couleur sépia des photographies anciennes,  m'est si familière qu'elle paraît avoir toujours été là, se greffant à de nouveaux murs à chacun de mes déménagements. Il me plaît de penser que, semblable à une plaque sensible, non à la lumière, mais aux événements quotidiens, aux paroles lancées ou étouffées, aux gestes ébauchés ou accomplis, et aussi bien à tous les possibles non réalisés, elle se soit imprégnée peu à peu de tout ce qu'elle a senti vivre en moi, chez moi et autour de moi. Elle rejoignait ainsi sa signification primitive, qui était de convier le « lecteur » à y projeter l'histoire qu'il lui convenait librement d'imaginer. Aussi ce roman aux cases vides qu'avait conçu une jeune femme de dix-huit ans pour que le regard d'autrui en écrive et en déchiffre simultanément les pages virtuelles, porte-t-il sans doute, en une surcharge invisible, la mémoire de discussions passionnées, de projets démesurés, de récits mirifiques, autant que de banalités désolantes, comme si chacun des petits carrés alignés sur la toile contenait imaginairement un chapitre réel de ma biographie rêvée. 
Roman contre, mais contre quoi ? Une première version, que je n'ai pas connue, car vite soumise à la censure du repentir précisait : contre l'ignorance. Cette prise de position a sans doute paru trop présomptueuse à celle qui, si jeune, avait encore tant à apprendre, et d'abord de la vie; elle a préféré l'effacer, et laisser indéterminée la visée, lui ouvrant du même coup un plus vaste champ de tir. Contre tout ce qui mérite d'être critiqué, donc, et dès lors l'entreprise est sans limites. Mais, avec le recul, il me plaît fort que l'ignorance ait été prise pour cible en priorité, tant cet outrage capital contre l'esprit a été systématiquement entretenu durant toutes ces années par les instances médiatiques et culturelles, voire érigé en valeur suprême d'une post-modernité décomplexée. Exactement ce à quoi Catherine Caron, dans l'inactualité radicale de sa démarche, a toujours su s'opposer.

Joël Gayraud

samedi 19 octobre 2013

Jean-Gabriel Jonin, Genitrix







« Dans les sculptures-assemblages de Jean-Gabriel JONIN les Christ, souvent démembrés et rétablis en leur royauté originelle et ultime, ne sont pas sans symboliser l'osirisation. Si ces Christ, un temps en croix, furent démembrés, peut-être par la bêtise des hommes, ils sont reconstitués, « deux fois nés », dans une nouvelle harmonie qui ne rejette rien, qui intègre même ce qui peut être considéré comme absolument contre nature, comme ces circuits imprimés qui, ici et là, nous rappellent qu'être libre c'est s'affranchir du programme. »

Rémi Boyer

 

Source: http://www.jean-gabriel-jonin.com/page/galerie-2



 

samedi 12 octobre 2013

Pierre-André Sauvageot, Rue K.






Un photogramme extrait de Rue K., un court-métrage de Pierre-André Sauvageot.

Source: http://pa.sauvageot.free.fr/

vendredi 11 octobre 2013

mercredi 9 octobre 2013

Jean-Pierre Lassalle

MES MOIRES


J'avais appris les visages. Souvent, je les récitais pour éviter qu'ils ne s'envolent et explosent comme ballons de fête. Je me mettais devant un vieux mur rimeux et chargé de mousse, de pariétaires et de nombrils de Vénus. J'attendais l'embrunissement du jour où la lumière se fait rasante. Les rares passants s'asgrelissaient dans leurs ombres atténuantes. A chef de pièce, ils avaient disparu et je pouvais enfin réciter les visages.  Les fusques et les pallides, les cruciants et les polides, les vénustes aux yeux qui voltigent.Ceux qui offrent le despris, ceux qui sont clouis à tout regard, les luctueux comme les tendres. Je m'enhortais à tous les retenir, par un effort constant et méritoire, sans appuyes d'aucune sorte. Ma seule compagnie était dans les empenons de mes moires fichés droit vers le mur cherchant les silex fosselus. Je récitais les visages en psalmodie même les consternants même  ceux qui dardaient les cingles cruels des pautonières. Quand la nuit tombait sur les pariétaires, les visages avaient tous fui s'échappant de mes moires.
 
 
Jean-Pierre Lassalle,
L'Écart Issolud, suivi d'Agalmata.  Toulouse, éditions M. C. P., 2001.