SCIER LA BIEN-AIMÉE QUAND C'EST NÉCESSAIRE
Sous le fil du couteau elle sent
Que les lunes tournoient en grinçant dans le miroir
Elle croit rêver et écoute comment grandit en son corps, pas
À pas, cette spirale sans fin de la torture.
Ils la regardent avec amour et attendent, debout sous la pluie
Qui assourdit, que la main crispée là-bas au fond
Lève avec une gaffe ces pointes du sommeil
Et de la pourriture du ver
Puisse s'envoler le papillon exact.
Mais n'importe maintenant et sous le rayon ardent
Tournant et tournant, tourbillons d'un même centre,
Parfois j'écoute quelqu'un qui appelle à grands cris, je me réveille
Et je revois la même image - le tortionnaire
Ainsi que les plaies - car je ne sais si c'est de l'eau
Qui tombe d'en haut, si je pourrais une fois atteindre
Ce globe que le vent entraîne, si nous pourrons passer
Ou si la nuit doit soudainement clore ses larmes.
Alors je me ressaisis et sans yeux je peux voir le couteau
Que quelqu'un a enserré dans ma main,
Graines d'un autre soleil, ces roues virevoltent dans la mémoire
Découpant ma bien-aimée en hosties pour moi.
Ludwig Zeller
(Extrait de Femme en songe suivi de Quand l'animal des profondeurs surgit la tête éclate. 2012, édition Sonambula, traduction de Jean Antonin Billard.)
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