vendredi 27 février 2015

Paul Sanda

LE ROSTRE

  marcher & remarcher souffrir & fouailler quelque espace de terre jaune argile la craie agile & le couteau piochant triturant l'adret la caillasse couteau fouillant la pierraille dire ainsi que j'ai toujours pu croire à ce que les rostres pouvaient jaillir des esprits végétaux de ces émanations du petit peuple oublié des farfadets voici quelques sculptures maritimes qui auraient pu embraser ajoncs & joncs genêts & verveines comme chair de joie
     ou bien ai-je pensé que ces beaux prolongements d'ombre pouvaient être les bijoux abandonnés comme contrepoids du gargantua ah le voir assis au roc du saint malin jusqu'aux pieds de la fontaine miracle
     c'est donc arpentant le silencieux sillon de l'onde merveille – car elle guérit le krupp – respirant au moulin tol le cri du zéphyr & des aspérités intérieures puis qu'à supposer exhumer une poignée de balles douilles de quatorze – la guerre – j'ai pu dans un accroc diabolique de la terre nue trouver à la dignité d'une artère une irruption sévère du premier âge ardent de l'ère des animaux – dire une vieille cabane perdue dans un bois aux souvenirs celui d'un vieil instituteur qui enseignait à plénitude la folie des bélemnites comme religion les palmes le tuba la ceinture de plomb & le fusil harpon qui ne pouvait servir qu'à l'apnée cruelle – souvenirs donc de cette école primitive où nous pouvions sans nulle peur explorer de longues heures durant le cuir rouge & magique de
     l'encyclopédie
     rien n'est jamais comme je le crois ni dans la réalité ni dans l'imaginaire & sans doute doit-on se connaître soi-même sans espérer & sans doute doit-on se naître vraiment soi sans chercher à s'asseoir aux banquets des riches & sans penser à faire briller les coupes ni à voir s'agiter la gaieté des gens du monde oh le rostre est un objet facile simple & rugueux fragile sans doute il se cache de l'air subtil des bouffons & de l'air amical si faux des cravates

     aimer alors le feu rauque qui crépite à nos poignées de griottes & d'alcool un petit grimoire au devant des yeux pour la nuit quant à l'emportement des lauriers roses
     enfin dans la lueur de l'aube la raison définitive d'un beau caillou
     au sourire de la huppe


Paul Sanda, 2012
Début de la performance de Paul Sanda, pour le lancement du Festival international de Poésie actuelle (Juillet 2012, Cordes Sur Ciel)


jeudi 26 février 2015

mercredi 25 février 2015

J. K. Bogartte



The Wolf House IV


It is the center of identity, where the chemist and his shadow exchange reflections in the espionage of invented mythology, where love and delirium hurl their fatal stones, and spin their long-haired cylinders in the dark gowns of an avalanche—where you, when you are close, when you are slender as a thought and more than a shade, are animated by the griffdon of erratic aerials long since outlawed in the provinces and in the warhouses of hysteria—where there is nowhere to go except where the Royal Solution sets up its outrageous barricades and its reckless scaffolding according to the smoke and water that is the blood of your face. Your face, betrayed by scorpions.


J. K. Bogartte, extrait de The Wolf House, La Belle Inutile Éditions, 2009. Portrait du poète par Istvan Horkay.