un choix de documents récents du mouvement surréaliste et de ses alentours (1990-2015), par David Nadeau
samedi 28 juin 2014
vendredi 27 juin 2014
jeudi 26 juin 2014
mardi 24 juin 2014
dimanche 22 juin 2014
vendredi 20 juin 2014
mardi 17 juin 2014
Nymph Imago, exposition du groupe surréaliste de Stockholm
Mattias Forshage et Emma Lundenmark, performance d'ouverture de l'exposition collective Nymph Imago.
icecrawler.blogspot.ca/search?updated-min=2014-01-01T00:00:00-08:00&updated-max=2015-01-01T00:00:00-08:00&max-results=24
samedi 14 juin 2014
Jean-Pierre Le Goff dans la bande-dessinée Demi-tour
L'artiste Jean-Pierre Le Goff, adepte de la 'pataphysique et de la banalyse, a inspiré le personnage d'André-Marie Arisu, dans la bande-dessinée Demi-tour, de Benoît Peeters et Frédéric Boilet (2011).
mardi 10 juin 2014
Patrick Lepetit sur Jacques Abeille
Vers
la béance azurée
Les Mers perdues, de François Schuiten et Jacques
Abeille
|
|
|
Récit
intemporel d'une expédition montée par un mystérieux commanditaire
dont nous ignorerons tout, l'ouvrage commence comme un roman
épistolaire, ce qui permet à l'auteur de graduer la narration et
justifie le fait que le narrateur ignore ce qui va suivre, mais se
terminera en journal intime. Les lettres ainsi livrées à notre
curiosité dans un premier temps sont censées être adressées à un
tout aussi mystérieux correspondant et sont rédigées parallèlement
à une série de comptes rendus destinés au bailleur de fond, compte
rendus dont nous n'avons pour notre part que le reflet, en quelque
sorte, sous la forme de planches et d'esquisses. Le groupe lancé à
la recherche des légendaires Mers
Perdues, une "équipée"
qui n'a peut-être "pas d'autre fin que celle par chacun
assignée à sa propre démarche", est constitué de quatre
personnages aux motivations contradictoires, dont aucun ne "connaît
le but de l'aventure", des individus non dépourvus de qualités
mais faisant plus ou moins figure de marginaux, de "rêveurs
malchanceux", dans la société dont ils sont issus. Sont ainsi
réunis, sans que leurs noms, détails insignifiants, soient jamais
mentionnés, un guide, homme d'action "enveloppé de la vacuité
d'une insoutenable nostalgie" d'une autre époque, individu
primaire qui disparaîtra rapidement, "acculé à la mort par le
sentiment vertigineux de la vanité de l'entreprise", une
géologue, "de la race des savants instinctifs qui ne méprisent
nullement l'imagination", une "contemplative" qui "ne
parle pas seulement d'énergies mécaniques mais de puissances
vivantes, comme si à ses yeux le monde minéral était de chair",
un dessinateur en quête d'une "qualité de vision", homme
ayant "reçu une formation académique dans une école des Beaux
Arts" ou plus exactement une "initiation car il est
manifeste que s'est ouvert en lui ce lieu de la pensée où les
cristallisations du songe épousent la pure rigueur des
mathématiques" et enfin un écrivain, le narrateur, choisi,
selon lui, "parce que (son) écriture ne risquait pas de
contrarier les dessins", recruté en tout état de cause pour
rédiger "à la main" le récit du voyage, ce qui trahit au
passage, de la part de l'employeur inconnu, "une volonté
singulière, insolite, d'en passer par des procédures artisanales
que l'on qualifierait volontiers d'incertaines", mortelles à
l'image des civilisations. À propos du dessinateur, son plus proche
compagnon, au contact duquel il "découvr(e) que dessiner ne
consist(e) pas seulement à capter d'un œil preste les jeux
incessants et fugaces de l'ombre et de la lumière mais à saisir
aussi l'entrelacement du plein et du vide que révèlent dans les
choses mêmes les valeurs claires ou obscures", le narrateur,
qui réalise quant à lui au fil de son travail, esquissant ainsi une
véritable théorie de l'art, que "les mots sont faits pour
libérer notre perception et que la rhétorique n'a pas pour fin
l'harmonie verbale mais le jaillissement d'une langue incantatoire
qui émane de la beauté sous-jacente des choses et d'une tension
vers leur image", confie : "Sans que je puisse distinguer
s'il s'agissait d'une vertu exceptionnelle ou d'une menaçante fêlure
de l'âme, il m'apparaissait que la vocation de cet artiste se
fondait peut-être sur une incoercible perception de l'absence".
À ces quatre personnages principaux viennent s'ajouter quelques
"Hulains", "petits hommes vifs et farouches
appartenant à une peuplade quasi-mythique", parents lointains
des éleveurs de statues des Jardins, mais aussi habiles
métallurgistes, comme tels craints et méprisés, et de surcroit
doués de l'art de disparaître entre les pierres, à la manière des
serpents ou des représentants des premiers peuples prompts à se
fondre dans le contexte
- par ailleurs "refoulés hors de toute mémoire humaine dans
l'irrémédiable désert de l'oubli".Il convient en outre
d'inscrire parmi les protagonistes de cette histoire, un
environnement le plus souvent désertique qui a tout du "paysage
intérieur" cher aux surréalistes et théorisé notamment par
l'écrivain britannique J.G.Ballard, "paysage de pierraille
grise et de dunes ternes où l'eau était rare et toute trace
d'humanité abolie", semblable du reste à celui qu'on pourrait
contempler, fait observer avec beaucoup de perspicacité notre
"plumitif", si "une guerre apocalyptique avait dévasté
ce monde désormais silencieux". Au cours de leur progression,
les explorateurs découvrent un site industriel abandonné d'une
"ampleur et (d'une) complexité" dépassant tout ce qu'ils
ont pu connaître auparavant, relevant, selon la géologue, d'un
"délire technicien fonctionnant en circuit fermé" et
figurant, selon le narrateur, "les ruines de notre propre
futur", découverte qui s'apparente à la première étape d'un
glissement progressif vers un autre monde, un au-delà dont les
contours restent encore parfaitement indistincts. Puis leur périple
les mène au pied d'une étrange tour sculptée dans la masse mais
semblable à "quelque monstrueux gastéropode".Après une
violente tempête de sable illustrant les "désordres
environnants" et qui provoque un "obscur enfouissement"
à caractère initiatique, nos voyageurs parviennent aux abords d'une
ville murée dont des statues représentant des géants de pierre,
qui éveillent chez les Hulains une "terreur sacrée",
barrent toutes les issues. Ces "monstres", aux visages
marqués par une "expression douloureuse", "surgis du
sol en arborescences anthropomorphes" sous l'effet de poussées
profondes, plus formidables encore que ceux du désert, pullulent
dans la cité dont "ils ont broyé sous leur poids la plupart
des édifices", ce qui laisse l'impression qu'une "catastrophe"
s'est "abattue sur le site" - et ces images ne peuvent pas
ne pas faire penser à certains passages des Jardins
Statuaires. Et pour cause,
puisque Les Mers Perdues
viennent apporter quelques nouvelles touches au tableau brossé
précédemment par Jacques Abeille. Interrogés par leurs compagnons
de route, les Hulains expliquent que selon leurs légendes, ces
géants jaillis du sol, "esprits de la terre bienveillants",
et pour eux ils le sont forcément, "parés des détails
anatomiques hérités du rêve", de "particularités (…)
signifia(nt) l'alliance des hommes et du reste de la nature",
faisaient jadis l'objet d'un culte "abandonné du fait de la
folie" de ces derniers, ce qui entraina leur dessiccation et
leur effondrement, voire leur destruction. Quelques anciens adeptes
des antiques croyances, poursuivent les légendes, "parvinrent à
échapper à la folie de ce désir de mort et partirent vers
l'Occident, emportant avec eux des semences des esprits de la terre
que leurs connaissances secrètes leur avaient permis de
sélectionner", sans jamais parvenir toutefois, le pacte ayant
été rompu, "à réveiller sur leur nouveau territoire les
forces obscures et chaudes de la terre" - ce qui ne manquera pas
d'éveiller l'attention des promeneurs des Contrées, surtout
lorsqu'ils remarqueront un peu plus loin que notre épistolier a le
sentiment "d'être entré dans le monde des légendes" et
de s'y être "avancé au point de contempler leurs sources"…
Après la défection de la géologue, dépositaire d'une connaissance
rationnelle mais "ébranlée dans ses certitudes scientifiques"
et partie s'abîmer dans "l'univers légendaire des Hulains",
selon le narrateur, celui-ci et son complice dessinateur, poursuivant
leur périple, tombent sur une nouvelle statue, représentant un
ours, cette fois, et percée de galeries qu'ils explorent, persuadés
de parcourir "un organisme vivant" dont ils sont "en
quelque sorte les parasites". Et leur vient, comme au lecteur
conscient des limites de la civilisation matérialiste et
technicienne dans laquelle il vit, comme au Hulain, qui n'en est
peut-être que le double et fait observer qu' "en imposant en
creux les marques de leurs méfaits sur le paysage qui les entoure,
les hommes, depuis des temps fort reculés, se sont assurés que
perdurerait la honte qui est le vrai chemin de la barbarie",
l'horrible soupçon que la démarche des foreurs de galeries ayant
perdu le sens de ce "moment où l'esprit ne se distinguait pas
de la matière" rompt "de la manière la plus brutale avec
l'ancienne alliance pour inventer une idée nouvelle de la liberté,
fondée sur la violence et le mépris" - à nouveau le pacte
brisé. Ainsi nos deux personnages vont-ils toujours de l'avant, de
mer en mer vers la mer ultime à moins qu'il ne s'agisse toujours de
la même tant les repères géographiques sont illisibles ou peu
fiables - "les mers perdues,
la dénomination même signifiait une diversité dans un élément
muable où nulle frontière nette ne pouvait s'inscrire ni aucune
ligne de partage se laisser discerner ; les mers perdues n'étaient
peut-être ainsi qualifiées que dans leur pouvoir d'égarement"
- à travers des parages semés de statues féminines, plus grandes
et plus belles, pleines de noblesse, de charme et d'élégance mais
pour la plupart mutilées et, à ce titre, les fascinant
"douloureusement", parfois félines et tachetées, parfois
marquées du signe du divin, selon les "terroirs" dont
elles s'arrachent, les deux compères et leurs guides progressent
vers le lieu même de l'origine des mythes, celui également,
semble-t'il, "où avait commencé la folie des hommes", ce
lieu où l'on ne peut en définitive parvenir que seul avec soi-même
après avoir capté la "charge émotionnelle secrète des
choses". Et au bord de la dernière des mers perdues, sur la
"côte des tempêtes", après avoir réalisé que l'édifice
qu'ils contemplent "n'a (…) d'autre fin que de stabiliser le
sol en écrasant la croissance de la statue géante" qui pousse
en dessous, les deux hommes finissent par découvrir ce qui depuis le
début courrait en filigrane, "l'existence d'un conflit dont les
hommes avaient pris l'initiative" pour empêcher le surgissement
des statues dont la dernière rencontrée est ophidienne,
manifestation de la "dimension panique des puissances
chtoniennes" - ce qui nous renvoie pour le coup à la question
de l'origine de la folie destructrice dont il est si souvent
question, surtout lorsque l'on comprend que les Hulains sont les
véritables commanditaires de l'expédition destinée à permettre,
en fait, la transmission des arcanes et du souvenir en présomption
de "promesse de réconciliation" comme l'écrit Corinne
Desportes ! "Une telle aventure", note le chroniqueur au
moment d'interrompre définitivement son journal écrit pour
mémoire, au moment où l'auteur
achève ce conte philosophique, "peut-elle avoir une fin ?"
- et de fait, ayant résolu, selon ses propres termes, la dernière
énigme, il ne lui reste plus, frêle silhouette dans la nébulosité
du rêve, qu'à s'engager sur le pont métaphoriquement inachevé qui
s'offre à lui pour aller se perdre dans la "béance azurée du
lointain", la mère ultime ?
vendredi 6 juin 2014
jeudi 5 juin 2014
mardi 3 juin 2014
lundi 2 juin 2014
dimanche 1 juin 2014
Inscription à :
Articles (Atom)