TAIRE MA PRÉSENCE
L’araignée du matin tisse son chagrin en fines dentelles de feu.
Des flammèches d’or se dressent et forment une muraille contre les regards anxieux.
Mes empreintes se dérobent, je pars sans laisser d’adresse.
À qui veut en percer le mystère, la clef est derrière le mur.
Le mur ?
Oui, le doux murmure du silence juste à minuit une, à peine partagé entre chiens et chiens. Le loup ? Il est déjà ailleurs ; quelle idée !
Un rire aigu fait grincer les volets d’effroi.
Les barreaux des cellules se ramollissent par trop d’assiduités suspectes.
Ne pas confier au petit jour les plaintes de la nuit. Les laisser se blottir dans les yeux du chat endormi à l’entrée du cimetière des anonymes. Ce chat, à la dérobée de mes rêves, y reconnaîtra les siens tout en se drapant de mon attente.
Avec précaution, j’évite le frôlement des rues sur mon ombre afin que le passé ne me rattrape point.
La richesse de l’ennui surgit au cœur de l’errance, seul espace disponible à la découverte. Ne jamais répondre au premier signe, c’est un passant de l’éphémère égaré.
« L’évasion n’est pas si loin » me confie un oiseau à l’aile barrée de pétales. Devrais-je y lire une invitation à cueillir les envolées de l’instant ? Passons.
Les trottoirs se démobilisent sous la poussée des siècles. Les siècles se réfléchissent les uns les autres dans le palais des glaces de l’histoire. C’est à ce moment-là que le gué des deux rives s’évanouit.
Taire ma présence pour m’effacer au futur…
Fabrice Pascaud
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